Nuits Égyptiennes d’Arensky

Entrée Solennelle d’Antoine

"L'Entrée solennelle d'Antoine" d'Anton Arensky est l'épilogue de la suite pour orchestre "Les Nuits Égyptiennes", véritable péplum retraçant les amours de Cléopâtre et d'Antoine dans l'Egypte ancienne.

Miguel, Tubiste au sein de l’Orchestre Symphonique de Lyon vous propose de découvrir ici plus amplement la vie du compositeur Anton Arensky et l’œuvre Nuits Égyptiennes proposée par l’OSL pour sa saison 2023-2024.

Anton Arensky (1861 – 1906)

Anton Arensky, compositeur des Nuits Égyptiennes

Anton Arensky était un compositeur, chef d’orchestre et professeur russe, né le 12 juillet 1861 à Novgorod dans un environnement familial musical. Son père médecin est violoncelliste amateur et sa mère, pianiste, lui donne ses premières leçons.

Le jeune garçon montre des signes précoces de génie musical et commence à composer des mélodies et des pièces pour piano dès l’âge de neuf ans. Puis la famille déménage à Saint-Pétersbourg pour lui permettre de suivre des études musicales. C’est à dix-huit ans qu’il entre au conservatoire pour suivre des cours de composition avec le célèbre Nikolaï Rimski-Korsakov. Il travaille alors sur des compositions plus importantes, telles qu’une réduction pour piano de l’opéra de son professeur, La Fille des neiges, en 1881. Il poursuit son éducation musicale en prenant des cours de contrepoint, et sort du Conservatoire à vingt-deux ans avec une médaille d’or.

Suite à l’obtention de son diplôme en 1882, Arensky a rejoint le Conservatoire de Moscou en tant que professeur, où il a enseigné à des étudiants qui allaient devenir des légendes de la musique, tels que Alexander Scriabin et Sergei Rachmaninoff. En 1895, il retourne à Saint-Pétersbourg pour diriger le Chœur impérial, recommandé pour ce poste par Mily Balakirev.

À l’âge de quarante ans, il prend la décision de se concentrer sur sa carrière artistique en tant que compositeur, pianiste et chef d’orchestre, et quitte la chapelle impériale.

Arensky est décédé de la tuberculose le 25 février 1906, à l’âge de 44 ans, dans un sanatorium à Perkjärvi qui faisait partie du grand-duché de Finlande, à l’époque sous l’Empire russe (aujourd’hui Zelenogorsk, en Russie).

Peu de choses sont connues sur sa vie privée, mais dans « Ma Vie » (1909), Rimski-Korsakov raconte que Arensky a toujours eu une vie irrégulière, s’adonnant à des soirées trop arrosées et jouant aux cartes. Malgré une vie relativement courte et dissolue, Arensky a eu une activité créatrice prospère.

L’influence de Pyotr Ilyich Tchaïkovski sur sa musique est indéniable. Rimski-Korsakov lui-même a dit : « Dans sa jeunesse, Arensky n’a pas échappé à une certaine influence de ma part; plus tard, l’influence est venue de Tchaïkovsky. » Son style se trouve donc à la charnière de l’influence des romantiques Rimski-Korsakov et Tchaïkovski, et du langage harmonique devenu plus complexe de la nouvelle génération qu’il a d’ailleurs contribué à former.

Il lui sera parfois reproché de n’avoir pas su créer son univers personnel. Pourtant, il a vite obtenu du succès, notamment avec son premier opéra, Un Songe sur la Volga (1891), dans lequel il emprunte des thèmes issus du folklore. Il rencontrera moins de succès avec son deuxième opéra, Raphaël (1894), et ensuite avec Nal et Damayanti (1904), composé d’après l’épopée indienne du Mahâbhârata.

En ce qui concerne la musique symphonique, on peut citer les Variations sur un thème de Tchaïkovski, qui sont devenues populaires. Cependant, c’est certainement dans son domaine de prédilection, la musique de chambre, largement reconnue comme de premier plan, que son talent s’est le mieux exprimé avec deux quatuors à cordes, deux trios avec piano et un quintette avec piano à son actif.

Nuits Égyptiennes d'Anton Arensky

Le Ballet « Les Nuits Egyptiennes »

Parmi l’héritage musical riche et diversifié laissé par Arensky, « Les Nuits Égyptiennes » se distingue comme un ballet en un acte composé en 1900. Ce ballet, qui n’a pas été monté du vivant d’Arensky en raison du décès du chorégraphe Lev Ivanov, a finalement été créé le 21 mars 1908 au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg, avec la chorégraphie de Mikhaïl Fokine.

L’œuvre s’inspire de l’orientalisme, un courant artistique et littéraire fasciné par l’exotisme de l’Orient. Le ballet intitulé Les Nuits égyptiennes évoque le titre d’une nouvelle de Pouchkine datant de 1835. Mais en ce qui concerne l’intrigue du ballet et son immersion dans l’Orient, Anton Arensky a puisé ses références dans un ouvrage renommé à l’époque, Des mœurs et coutumes des Égyptiens modernes d’Edward William Lane, publié à Londres en 1837. Cet ouvrage a marqué l’histoire de l’orientalisme avec ses descriptions puissantes de la vie en Égypte, influençant plusieurs artistes, dont Gérard de Nerval.

Le 25 juin 1910, il a été interprété par les Ballets russes de Diaghilev dans la production intitulée « Cléopâtre » au théâtre du Châtelet à Paris. Les Nuits égyptiennes faisait partie d’une série de pièces rassemblées autour de la thématique « Les Orientales« , servant de prélude à l’œuvre d’Igor Stravinski, L’Oiseau de feu.

La suite orchestrale « Les nuits égyptiennes »

La suite orchestrale op. 50a, tirée du ballet, est composée de sept mouvements captivants qui transportent l’auditeur dans un voyage à travers l’imaginaire oriental. Les mouvements les plus célèbres de cette suite sont probablement « La danse des Ghazies », « Charmeuse de serpents », et « Entrée solennelle d’Antoine », que l’OSL vous interprétera cette saison.

Chaque pièce offre une fenêtre sur un monde de mystère et de séduction, caractéristique de l’attrait de l’époque pour l’Orient.

Antoine, également connu sous le nom de Marc Antoine, était un général romain et un homme politique influent à l’époque de l’Égypte ptolémaïque. Il est célèbre pour sa relation tumultueuse avec Cléopâtre, la dernière reine d’Égypte. Leur histoire d’amour a été immortalisée dans de nombreuses œuvres artistiques, dont cette suite orchestrale.

Dans “Les Nuits Égyptiennes”Antoine est donc un personnage central, et sa relation avec Cléopâtre est mise en lumière. L’Entrée solennelle d’Antoine peut être interprétée comme un moment où Antoine entre en scène de manière majestueuse, peut-être lors d’une rencontre avec Cléopâtre ou lors d’un événement important de leur histoire commune.

« Les Nuits Égyptiennes » d’Arensky reflètent non seulement l’intérêt du compositeur pour l’orientalisme, mais aussi son talent pour créer des mélodies envoûtantes et des harmonies riches. L’orchestration utilise une variété d’instruments qui ajoutent à la couleur locale de la musique, avec des bois, des cuivres, des percussions et des cordes. La musique d’Arensky invite à une réflexion sur la manière dont l’Orient a été perçu et représenté dans l’art occidental.

Aujourd’hui, « Les Nuits Égyptiennes » continuent de captiver les auditeurs et restent un témoignage de la fascination durable pour l’exotisme et la richesse culturelle de l’Égypte. Cette œuvre est un exemple remarquable de la manière dont la musique peut transcender les frontières et les époques, offrant une expérience immersive dans un passé lointain et un lieu mythique.

Pour en savoir plus sur Les nuits égyptiennes et l’œuvre d’Arensky, vous pouvez consulter Arensky : des nuits d’Egypte pas très câlines  | Crescendo Magazine (crescendo-magazine.be) et la page Wikipedia dédié a Arensky Anton Arenski — Wikipédia (wikipedia.org)

L’entrée solennelle d’Antoine extraite des Nuits Egyptiennes de Arensky en concert par l’Orchestre Symphonique de Lyon

Retrouvez un extrait de la suite orchestrale des Nuits Egyptiennes d’Antoine Arensky interprété par l’Orchestre Symphonique de Lyon lors de notre concert du 6 Avril 2024 à Charlieu et du 15 Juin 2024 à Lyon.

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